Cité Plurielle, une lutte contre les discriminations
3 questions à Olivier Noël
Sociologue à l’ISCRA-Méditerranée (Institut social et coopératif de recherche appliquée), Olivier Noël a participé a l'ensemble de la journée de Cité Plurielle. Il était le grand témoin de la table ronde
Quel regard portez-vous sur cette édition de Cité Plurielle ?
“J’ai beaucoup aimé les moments artistiques et culturels, et le spectacle des habitants, des Maisons des habitant-es, qui répond vraiment à la façon dont on peut aujourd’hui, modestement mais sûrement, aborder la problématique du racisme et de l’égalité. Je pense que c’est la meilleure manière de faire. Et le croisement des discriminations sexistes et des discriminations à caractère raciste était vraiment très intéressant.”
Comment peser aujourd’hui pour lutter contre les discriminations ?
“Il y a un gros enjeu à revenir aux fondamentaux de l’éducation populaire. Je me définis comme un intermédiaire dans la façon dont on peut peser dans la définition des problèmes publics, le sociologue seul n’a aucun pouvoir. J’avais filmé des entretiens collectifs avec des jeunes des Missions locales, au début des années 2000, et j’avais montré ces films aux spécialistes sur les questions de discriminations qui m’ont dit : Quelle lucidité ! C’est-à-dire que la façon dont ces jeunes, qui sont considérés comme en difficulté d’insertion, parlent de ces questions-là est extrêmement précise et fine, alors même que l’on se rend compte que les personnes qui sont en position de décisions publiques sont toujours à côté de la plaque dans la façon de poser les termes du problème. On est sur des processus ascendants, on participe à la définition des problèmes publics appuyés sur l’expérience.”
Sentez-vous une prise de conscience ?
“Sur la question des discriminations, j’ai connu la période où elle n’était pas reconnue du tout, puis celle où elle a été vraiment reconnue, du fait des impulsions européennes. La période 2001-2005 est une période où il y avait une volonté politique importante. Depuis, on a des logiques de diversions, avec un discours nouveau qui n’est pas d’agir contre les discriminations mais de promouvoir la diversité. C’est à peu près la même chose, sauf qu’on passe de la lutte contre les discriminations qui travaille sur l’égalité des traitements à la promotion de la diversité qui promeut l’égalité des chances. L’égalité des chances, c’est la roue de la fortune, alors que les luttes contre les discriminations, c’est le droit commun. Et j’observe depuis cette période un effacement du problème des discriminations dans les portages de l’Etat. Du coup, il y a un relai par le secteur associatif et les collectivités, comme ici à Echirolles.”
Propos recueillis par MB