Silence on tourne ! Des groupes de trois à quatre élèves, de première littéraire, filment des scènes chorégraphiques dans différents espaces du lycée Marie-Curie. “Les séquences seront montées cet été. Le clip sera sans doute diffusé durant les journées d’accueil de la prochaine rentrée scolaire”, dit l’un d’eux, un pied de caméra vidéo à la main. Nadine Bonnet, professeure principale d’EPS, et Emmanuelle Gouiard, danseuse de la compagnie Arcosm, suivent l’évolution du tournage, donnent des consignes ou des conseils, ajustent une scène, tout en laissant un grande liberté d’imagination et de composition. “Ce projet propose de découvrir l’univers et les techniques de la compagnie. Les élèves sont venus voir le spectacle “Subliminal” à La Rampe et ont suivi des ateliers de pratique ouverts à diverses formes d’expression artistique, notamment en danse et en musique”, commente Laurie Blandin, en charge du secteur éducatif et du jeune public à La Rampe/La Ponatière.
Pendant que leurs collègues de classe réalisent les captations, d’autres élèves interprètent et enregistrent la musique, produisent des bruitages, qui accompagneront les images. “Nous aurons eu au total six séances de deux heures, c’est un processus de création collective, une réflexion sur la matière et les matériaux artistiques, le corps dans l’espace”, explique Emmanuelle Gouiard. La spontanéité a libre cours. “Je les amène à formuler et à discuter leurs propres choix, à décider et à partager des décisions dans l’instant. Nous travaillons l’idée de groupe, comment il peut se déliter et se reformer, la notion de dominant-dominé, le rapport à l’autre, l’écoute mutuelle, la solidarité dans un esprit de tolérance et de bienveillance.” Une réflexion sensible, à un âge où tout est possible et peut paraître soudainement si fragile.
Une “superbe énergie”
Le jour même, en fin d’après-midi, un second projet aboutit à une courte forme chorégraphique des enfants de l’institut médicoéducatif (IME) Les Ecureuils et d’une classe de CE2 de l’école Paul-Langevin, sur la scène de La Rampe. Les familles sont conviées à ce temps de restitution au terme de six séances communes et de trois séances particulières supplémentaires pour les enfants de l’IME. Là encore, Emmanuelle Gouiard a accompagné une découverte de la danse contemporaine et des percussions corporelles, du langage artistique de la compagnie Arcosm, du travail des techniciens son, lumière et plateau. Les enfants, “toujours curieux et motivés”, ont également assisté à un spectacle.
Cela fait une dizaine d’années que les deux structures poursuivent un projet avec La Rampe. Elles auront croisé les univers des compagnies de danse Malka/Bouba Landrille Tchouda, Le Grand Jeté/Frédéric Cellé, Sylvie Guillermin, épiderme/Nicolas Hubert. Au fil des rencontres et des ateliers, “les appréhensions et interrogations premières de part et d’autre tombent très vite, il y a beaucoup de tolérance, de gestes affectueux et d’entraide entre les enfants”, observent Maryline Meunier et Laurence Dominoni, enseignantes respectivement à l’IME et à l’école Paul-Langevin. Les préjugés cèdent la place à une compréhension du handicap. Chacun ou chacune apprend de l’autre. Et “le spectacle” devient un moment attendu avec impatience… Le plaisir de danser ensemble est manifeste. C'est un “bel échange”, une “superbe énergie”, ajoute Emmanuelle Gouiard.
JFL
Témoignage
Hugo Pichon-Martin
En première L au lycée Marie-Curie, Hugo, 17 ans, est très investi dans le projet artistique et culturel avec La Rampe/La Ponatière, en lien avec la compagnie de danse Arcosm. L’un des objectifs est de réaliser un clip.
“Filmer, monter, danser, on essaye de toucher à tout. On n’a pas souvent l’occasion de pratiquer et d’associer à ce point des domaines artistiques durant notre scolarité. J’ai envie de tout expérimenter, surtout la danse dont je découvre le milieu. C’est très intéressant dans le rapport au corps. Ce projet est l’occasion de nombreux échanges entre nous et les intervenants”, dit Hugo, membre de l’atelier cinéma du lycée. A l’issue du tournage de scènes chorégraphiées, sous l’égide de la danseuse Emmanuelle Gouiard, il montera les images chez lui, cet été, avec sa collègue de classe Rachel Henry. “On mettra à profit nos vacances pour finaliser le clip, qui devrait être diffusé durant les journées d’accueil de l’établissement en septembre prochain. Nous monterons les images à l’aide du logiciel Sony Vegas Pro que j’ai téléchargé sur Internet.”