Des collégien-nes de Louis-Lumière face à la Shoah
Lors de la journée portes ouvertes du collège Louis-Lumière, Imène Boulenfad guidait la visite de l’exposition présentant le séjour de sa classe en Pologne. Visite de Cracovie — le guetto, le musée Schindler, le cimetière juif, la vielle synagogue, entre autres — et d’Auschwitz-Birkenau, le plus grand complexe concentrationnaire et d’extermination durant la Seconde Guerre mondiale. L’émotion est encore sensible, un mois après. “C’était très touchant, on se mettait à la place des personnes. C’est immonde ce qu’on leur a fait. On avait visité des musées avant le camp, on était un peu préparés, mais cela dépasse ce que l’on avait imaginé. Le voyage était une expérience enrichissante pour que ça ne recommence pas”, souffle Imène.
Un travail pédagogique approfondi
A ses côtés, Reda Bouchra et Audrey Navarro, professeures de français et d’histoire-géographie, résument la démarche : “Ce voyage est l’aboutissement d’un appel à projets de la métropole grenobloise, d’un travail pédagogique approfondi en classe sur l’histoire de la Shoah, la dimension citoyenne de la mémoire. Nous avons beaucoup échangé avec les jeunes de la MECS avant de partager le séjour. Deux historiens référents, Tal Bruttmann et Christophe Tarricone, nous ont accompagnés sur l’ensemble du projet.”
La finalité porte “sur la lutte contre l’antisémitisme et plus largement contre le racisme et les discriminations, le refus de l’autre, ajoute Yves Ganansia, président du conseil représentatif des institutions juives de France Grenoble/Dauphiné. La classe du collège, bien documentée par les enseignantes, est issue de la diversité. Les élèves ont été très attentifs, comprenant le message universel qu’on souhaitait leur transmettre”.
Se souvenir pour ne pas reproduire
Au cours de l’année scolaire, les jeunes ont également visité le Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère, rencontré Rachel Khan, auteur de “Les grandes et petites choses”, assisté à la représentation de “Ici il n’y a pas de pourquoi”, une adaptation théâtrale de l’ouvrage “Si c’est un homme” de Primo Levi, mise en scène par Tony Harrison à l’Amphithéâtre de Pont de Claix.
Message reçu. “Se souvenir pour ne pas reproduire”, telle est la phrase affichée par la classe d’Imène Boulenfad lors de la journée portes ouvertes, avec les carnets de voyage des élèves et leurs phrases personnelles attestant de leur intérêt, de leur compréhension, témoignant de valeurs d’accueil et de tolérance dont ils sont désormais des “ambassadeurs” et des ”ambassadrices”.
Pour Amandine Demore, adjointe aux relations internationales et à la documentation-archives, “ce voyage [auquel elle a participé] est primordial dans la construction de futurs citoyens et citoyennes. On ne peut pas rester indifférent sur le site d’Auschwitz-Birkenau. C’est tragique, inhumain, violent, mais cette confrontation n’en demeure pas moins constitutive de la mémoire, d’une prise de conscience de l’Histoire et, au-delà, de l’importance du vivre ensemble face au négationnisme ou au replis sur soi”.
JFL
