Disparitions de Malik Boutvillain et Nicolas Suppo : Une banderole pour soutenir les familles
“Le combat continue pour leurs familles, soutenons-les !” Le message s’affiche désormais en grand sur la banderole déployée ce vendredi matin le long de l’une des façades de l’hôtel de ville, sous les portraits de Malik Boutvillain et Nicolas Suppo, disparus respectivement les 6 mai 2012 et 15 septembre 2010. Un signe de plus, après la réalisation en 2022 par l’artiste Killah-One d’une fresque représentant le visage de Malik, sous le pont de la gare d’Échirolles, à l’entrée du quartier des Essarts, du soutien que la Ville souhaite apporter aux deux familles.
“Notre rôle est d’être à vos côtés, de vous accompagner dans votre douleur et dans le combat humain que vous menez”, assurez ainsi le maire Renzo Sulli, peu après le dévoilement de la banderole, souhaitant que “ce message durable puisse être vu par le plus de monde possible”.
Et de s’engager plus encore : “Nous serons toujours à vos côtés pour essayer de comprendre.” Un soutien visiblement apprécié par les familles, comme celui de la centaine d’Échirollois-es et d’agent-es de la Ville venu-es assister à cette émouvante cérémonie.
Une douleur qui s'incarne
“Vous nous avez accueillis avec beaucoup d’écoute et de bienveillance, remerciait ainsi Janine, la mère de Nicolas au côté de Badra Boutvillain, la mère de Malik, très affectée. C’est important quand on est confronté à une disparition, que l’on n’est pas écouté par la justice, que l’on est confronté à l’inertie depuis 13 ans. C’est une souffrance insupportable. Nous sommes toutes deux mamans. Malik et Nicolas étaient trentenaires quand ils ont disparu, mais ils restent nos enfants, des êtres humains, ils ont le droit à quelque chose. Que la justice fasse son travail”, concluait-elle.
Une douleur relayée par Badra Boutvillain : “C’est très dur à vivre, comme tous les autres jours. Je vis entre l’espoir et le désespoir. J’ai mal, trop, trop mal de ne pas savoir. Je mourrais peut-être sans savoir, ça me hante, ça m’obsède. Je ne vis plus, je survis, la douleur est terrible. On se bat pour leurs disparitions et contre la justice, c’est trop, on a l’impression de faire face à un mur. Mais vers qui nous tourner si la justice ne nous aide pas ? Aidez-nous à garder leurs dossiers ouverts…”
Garder les dossiers ouverts
pour entretenir l'espoir...
Car garder leurs dossiers ouverts, c’était l’autre enjeu de ce temps de soutien aux familles. “Dévoiler une affiche, c’est un témoignage d’humanité rare de la part d’une municipalité, les familles en ont besoin. C’est aussi un soutien que vous apportez à l’ensemble des familles concernées par une disparition, appréciait maître Bernard Boulloud, avocat des familles. C’est aussi un aveu d’échec de notre justice. Elle n’écoute pas les familles et les laisse se débrouiller. Il faut dénoncer ce qu’elle inflige aux familles car ce qui leur arrive peut vous arriver. C’est insoutenable !”
Une audience est prévue le 10 mai prochain devant la cours d’instruction de la cour d’appel de Grenoble sur les deux dossiers. Maître Boulloud demandera alors, comme le prévoit le code de procédure pénale, qu’un autre juge d’instruction soit saisi. “La chambre d’instruction va faire le job pour ne pas enterrer les dossiers une nouvelle fois, il ne peut pas en être autrement, j’en suis convaincu”, voulait-il croire. Les familles de Malik et Nicolas avec lui, comme désormais toute une ville pour les soutenir.