Graphisme: l'éducation du regard
“Nous souhaitions dépasser une logique événementielle afin de prolonger l’élan du Mois du graphisme et la dynamique de sensibilisation, de donner plus de visibilité à nos actions de proximité et à l’image de la ville”, explique Diego Zaccaria, délégué général de l’association Centre du graphisme et de la communication visuelle, présidée par Chantal Cornier. Il ne suffit pas de montrer, il faut aider à voir et à comprendre face au flux des images. Un enjeu social qui dépasse la seule esthétique du design graphique, des objets de communication de la vie quotidienne.
L’approche culturelle
Du rendez-vous professionnel et public — annuel, puis biennal à partir de 2000 —, on est passé à l’ambition d’une structure permanente, “pour aller plus loin, s’ouvrir au plus grand nombre”. Un acte politique municipal dans un contexte financier difficile. L’aboutissement d’un travail qui a su s’ancrer dans la réalité locale en offrant des outils, des éléments de compréhension du lien qui existe entre les productions visuelles extrêmement diversifiées — affiches, plaquettes, journaux, livres, packagings, signalétiques, génériques de films, images numériques, Web… — et le fonctionnement d’une société.
“Sans séparer la forme du fond, le Mois a été un laboratoire pour une approche culturelle, militante et citoyenne, plus que jamais nécessaire, du design graphique et de la communication visuelle”, ajoute Diego Zaccaria. Donner du sens aux apparences, maîtriser l’environnement visuel, tout en décryptant l’agencement et la production de savoir… un travail nécessaire en continu. Ce que l’on peut nommer “ l’éducation démocratique du regard”.
L’esprit critique
Le projet artistique et culturel a été posé en 2000, actualisé depuis, validé par l’ensemble des partenaires publics, Ville, Etat, Région, Conseil départemental, Grenoble-Alpes Métropole. Les missions du Centre du graphisme — qui deviendra un établissement public administratif le 1er janvier 2018 — doivent permettre la transmission et l’élargissement de la connaissance auprès de tous les publics : produire des expositions de qualité ; situer le graphisme dans l’espace public ; transmettre l’utilité sociale du graphisme et des graphistes ; développer la notion d’auteur grâce à des résidences ; sensibiliser les publics, notamment à l’école, lors des activités périscolaires et extrascolaires ; former des médiateurs culturels et éducatifs ; voir, écouter, rencontrer, échanger, donner la parole ; publier des ouvrages… “C’est une fenêtre ouverte sur la culture de l’autre”, un exercice de l’esprit et de l’expression critiques.
Un projet ambitieux
D’un montant de 1,2 million d’euros HT, le Centre du graphisme se décline en trois salles d’exposition de 190 m2 au total, 85 m2 d’espaces multimédia et pédagogiques, 210 m2 de locaux administratifs, techniques et de conservation. Une enveloppe de 100 000 euros TTC est consacrée aux équipements, divers mobiliers et outils (ordinateurs par exemple).
De nombreux rendez-vous, des projets pédagogiques, accompagneront les expositions —au rythme de deux à trois par an —, sans compter le Mois du graphisme les années paires. Visites commentées, “dimanches en famille”, conférences du jeudi, apérographiques, nocturnes, ateliers de pratiques artistiques, workshops pour les étudiants, masters-classes pour les graphistes et jeunes professionnels… La palette des actions est large. A découvrir.
Centre du graphisme d’Echirolles
Place de la Libération, 04 76 23 64 65
www.echirolles-centredugraphisme.com
Ouverture du lundi au dimanche, de 14 h à 18 h.