Premier “Dialogues” avec le public pour le TRACé
Le vernissage de Dialogue signe la renaissance du musée Géo-Charles, dont l’ouverture était limitée aux scolaires depuis 2019 pour permettre la réalisation de travaux d’inventaire et de numérisation des collections, puis interdit au public en raison de la crise sanitaire. La présidente du TRACé, Jacqueline Madrennes, n’a donc pas caché son émotion: “Pour l’exposition Dialogues, Regards d’Artistes sur la collection Géo-Charles, a expliqué l’élue, les artistes contemporains Jean-Marc Rochette, Julien Béneyton, Blux et Pierre Canaguier ont sélectionné parmi les collections du musée des œuvres entrant en résonance avec leur propre travail. Une quinzaine d’élèves et d’artistes émergent.es de l’ESAD, l’école supérieure d’art et de design de Grenoble-Valence, ont suivi la même démarche. Fruit du travail collectif entre les artistes et les équipes du musée, c’est donc un dialogue à trente voix qui est présenté au public.”
Pour dialoguer avec le Boxeur du Kenya photographié par Philippe Bordas en 1991, Julien Béneyton a sélectionné parmi ses œuvres une série de portraits de personnages regardant le visiteur, dont la toile The B.A.G. (2012) qui le représente parmi ses amis devant les cinémas d’Echirolles. “J’ai peint chacun de nous avec vingt ans de plus, explique l’artiste aujourd’hui parisien, en faisant approuver chaque détail par mes amis eux-mêmes, mais en prenant aussi des libertés.” Le visiteur s’amusera ainsi à vérifier que l’émetteur représenté dans le tableau, si emblématique du paysage échirollois, est en réalité caché par un immeuble, ou encore que ce ciel teinté par le couchant ne peut exister puisque le soleil disparaît à l’opposé.
Le photographe Pierre Canaguier a choisi d’entrer en dialogue avec l’œuvre Composition d’Otto Freundlich datant de 1938. Face à cette toile vibrant de fragments colorés, il propose trois étapes de sa proche démarche: la complexité, la monochromie et la composition. “Une manière de décomposer, recomposer et sur-composer les éléments du réel”. Quant à l’artiste Blux, il a choisi de faire revivre son installation in situ À ciel ouvert. Présentée au Musée Géo-Charles en 2014 lors des Journées Internationales du Patrimoine, son travail inversait le rapport entre l’extérieur et l’intérieur par la projection d’images de nuages depuis la montée d’escaliers jusqu’aux sous-pentes du musée. Il nous propose un retour sur images en lien avec trois œuvres d’atelier de Survage, Kosnick-Klosse et Launois qui donnent à voir le processus de création en marche. En contrepoint, des nuages capturés dans un cube transparent font écho aux écrits de Géo-Charles, écrivain et sportif, témoin de l’éclosion de la modernité à Montparnasse au début du siècle, mais aussi surnommé, rappelle Blux, “le poète aux pieds de nuage”.
Les deux jeunes médiatrices Marie Rivat et Chloé Amato ont assuré le commissariat de l’exposition occupant le rez-de-chaussée du musée. Des étudiant.es, de recent.es diplômé.es et une professeure de l’ESAD e sont penchées sur le fonds Sort-Culture du musée et sur le personnage de Géo-Charles pour proposer un dialogue avec la jeune création. Dans une salle adjacente, les visiteurs découvriront aussi un grand tableau qui entremêle de multiples gestes de sportifs mimés puis peints par des enfants lors des actions pédagogiques Destination Été conduites par les deux médiatrices.
Ce vernissage, qui précède celui de l’exposition L’art déconfiné des Confiné(e)s le samedi 30 mai au Centre du Graphisme, est un événement symbolique. “La date a été plusieurs fois reportée en raison des contraintes sanitaires, commente Pierre Delva, Directeur des Affaires Culturelles. Si nous avions attendu l’automne pour rouvrir les musées, l’exposition Dialogues aurait dû être démontée sans être vue, c’est pourquoi nous sommes si heureux de la présenter au public.”
Exposition ouverte du mercredi au vendredi de 14h à 17h30 et du samedi au dimanche de 14h à 18h.