Thomas Guerry : “Le plaisir d’être ensemble dans l’espace public.”

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Thomas Guerry : “Le plaisir d’être ensemble dans l’espace public.”

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La Rampe - La Ponatière
Publié le 9 mai 2018
Modifié le 9 mai 2018
Résumé actualité
Au terme de trois années de résidence de la compagnie de danse Arcosm à Echirolles, à La Rampe-La Ponatière, son directeur, danseur-chorégraphe, fait le bilan d’un “imaginaire en partage”.
Paragraphs

Quel regard portez-vous sur ces trois saisons de résidence par rapport aux ambitions et objectifs de départ ? 
“L’aventure a été fructueuse car nous avons pu établir et faire grandir des liens avec différents publics, tant auprès d’écoles et d’établissements scolaires, d’associations, que des familles. Un élargissement a mûri au fur et à mesure des propositions et des projets dont le premier objectif était d’ouvrir des œuvres comme des actions pédagogiques à celles et ceux qui ne fréquentent pas spontanément les espaces artistiques et culturels, les salles de spectacle. Je crois que nous avons réussi à intéresser, à éveiller la curiosité et l’envie, à diversifier et sensibiliser les publics, à montrer que des lieux comme La Rampe ou La Ponatière sont accessibles à tous et toutes.
Le succès final de notre carte blanche “Surprises Party”, les 4 et 5 mai, démontre le chemin parcouru et le plaisir qu’il y a eu à vivre ensemble un temps festif et ludique, à découvrir différentes formes et pratiques, des artistes invités.”

Quel bilan faites-vous des actions pédagogiques ?
“On a élaboré des projets ambitieux, cherchant à varier les approches et les manières. On a réuni des groupes et des structures, plutôt motivés, qui n’avaient pas forcément grand-chose à voir ensemble mais qui, tous, œuvraient sur le territoire d’Echirolles. On a surtout tissé des liens privilégiés, des actions de médiation notamment dans la rue et des espaces publics en innovant des restitutions finales, comme par exemple les «danses ré-enchantées» revisitant les danses de société, ou la résidence à l’école Jean-Jaurès, véritable immersion de trois fois trois jours et demi dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle, avec notamment des «sorties d’école poétiques». Là, on a convoqué enfants, parents et enseignants au travers de la danse, en allant les chercher dans leur quotidien, leur environnement, au bon moment, tout au long de l’année scolaire, et non pas seulement à l’occasion d’un seul événement. C’est une manière de s’immiscer dans la vie d’un quartier, en mettant de la couleur dans les relations entre les personnes, en décalant le regard. Lors de la dernière sortie d’école poétique, fin avril, les parents nous ont dit leur surprise de voir leurs enfants attendre progressivement ces sorties et leur bonheur que le projet se soit passé dans l’enceinte même de l’école.
Il y a eu de belles tentatives et inventions grâce à l’engagement de toutes les équipes, de La Rampe et de la Ville, techniques, administratives, en lien avec l’équipe artistique de la compagnie. La sensibilisation aux pratiques artistiques, c’est le plaisir d’être ensemble dans l’espace public.”

Quels moments vous paraissent les plus marquants ?
“Nos créations, car une résidence est faite aussi de nos spectacles, sont à chaque fois des moments forts en commun. On rend visibles notre travail et nos recherches auprès du public et des professionnels.
J’ai évidemment beaucoup apprécié les réunions en fin de saison pour tirer les enseignements et préparer la saison suivante. On se creuse la tête pour imaginer la suite, on échange. Cette énergie, l’implication de chacun et chacune dans son domaine, me touchent.
Encore une fois, les rencontres des écoles, collèges ou lycées, sont essentielles. Et puis, la carte blanche “Surprises Party” a clos la résidence en même temps qu’elle ouvre des possibles, un imaginaire en partage.”

Au-delà des soutiens financiers et logistiques, de la mise à disposition d’une salle de création, qu’apporte intimement une résidence aux artistes, à une compagnie ?
“Intimement, c’est de la confiance en nous mêmes et dans les équipes qui nous accueillent et nous suivent. On se sent pousser des ailes ! Des choses se débloquent pour qu’on puisse élaborer, proposer, s’exprimer au mieux. L’époque est un peu difficile au niveau culturel, les moyens se tendent… Une résidence crée une forme d’assurance, de fidélisation, on apprend à se connaître, à concevoir un parcours, un développement, à entretenir un compagnonnage dans une durée, à libérer du sens.”

Quelle seront vos prochaines escales ?
“Je serai artiste associé à la Maison de la danse à Lyon la saison prochaine. Nous collaborons aussi avec La Garance, la scène nationale de Cavaillon. Depuis plusieurs années, son directeur Didier Le Corre tisse un lien étroit entre sept compagnies qu’il appelle «les artistes compagnons» et, entre autres, qu’il réunit deux fois par an pour réfléchir, s’interroger, parler de nos actualités, de nos expériences tant sur le plan créatif que pédagogique. C’est un autre genre de résidence.
Sans oublier évidemment la première de notre nouvelle création “SEИS” à La Rampe, les mardi 6 et mercredi 7 novembre 2018.

Propos recueillis par JFL