Vernissage au Centre du graphisme : le déconfinement de l’art des confinés
L’exposition L’art déconfiné des confiné(e)s avait été montée fin janvier au Centre du graphisme, mais n’avait encore pu rencontrer son public, les lieux culturels étant fermés du fait du contexte sanitaire. Depuis fin mai, les visiteurs peuvent enfin découvrir les affiches, collages, peintures, reprographies, etc., collectés suite à l’appel à projet lancé à la population pendant le premier confinement, du 16 mars jusqu’au 11 mai 2020. “La situation de manière artistique devait être poursuivie, et favoriser l’esprit critique qui est au cœur de notre travail culturel et qui conditionne une citoyenneté pleine et active,” a rappelé Jacqueline Madrennes. “Ce confinement confident suit les différentes étapes de nos états d’âmes, (…), on y trouve de l’inquiétude, de la colère, de la sidération, de la révolte”, a décrit l’adjointe à la Culture.
Parmi les œuvres à découvrir, le jeu graphique d’Olivier Baudry qui transforme les mots “d’hier” en “demain” sur plusieurs séquences. “Quand on s’est retrouvé confinés du jour au lendemain, il y a eu un état de surprise, suivi par une certaine prise de conscience des dérèglements du monde, de l’économie, et on s’est imaginé le monde de demain. J’ai figuré ce changement de paradigme avec cette transformation séquentielle des mots « d’hier » à « demain »”, décrypte le graphiste.
Dans un tout autre format, les timbres d’Éric Margery témoignent de son regard critique sur la crise . On y voit notamment un Petit Prince, sur une planète en forme de virus ou un “appel au déconfinement général” détournant l“ordre de mobilisation générale” des armées pour les guerres du XXe.
“J’en avais marre des informations, alors j’ai voulu faire ma propre revue de presse et j’en ai fait un timbre, puis un deuxième, et ainsi de suite, comme des billets d’humeur, ”confie le plasticien. “C’était aussi une façon de passer sa colère”, précise son épouse, “à ce moment-là, on ne parlait pas de la situation précaire des artistes peintres”.
Un peu plus loin, le délicieux “lexique du déconfinement” de Wee Pin NG et Anne-Tiphaine Gruat s’amuse à nommer à l’aide de jeu de mots et de mots valises les nouvelles situations qui sont apparues avec la crise sanitaire, tels que la “Flânez, se promener le nez hors du masque” ou “covideur, agent de sécurité assurant les gestes barrières”.
Au total, 455 œuvres réalisées par plus d’une centaine d’artistes de tous bords, confirmés ou amateurs, sont rassemblées pour cette exposition inhabituelle.“D’habitude, on part d’une thématique et on va chercher les œuvres qui correspondent. Là, on part d’un événement dense, riche, vécu par tous et on a proposé ç tous de s’exprimer sur le sujet”, Virginie Vignon, conservatrice du TRACé. “On se rend compte que des thèmes sont récurrents : l’aspect social, les notions d’intérieur et d’extérieur et la critique de l’information, plus précisément des fake news.”
Ouverture jusqu'au dimanche 15 août 2021 du mercredi au vendredi de 14h à 17h30 et le weekend de 14h à 18h - Entrée libre.