Vie et partage expose une invitation au féminisme
Une proposition culturelle et citoyenne essentielle, d’une sensibilité rare, quand on a entendu l’émotion et la conviction des propos des jeunes femmes en introduction à la visite de l’exposition, expliquant la fabrication des affiches, en collaboration avec l’artiste photographe Nadine Barbançon. Elles se prénomment Salma, Amel, Asmae, Salimata, Tamara, Nesrine, Myriam, Farah, Sabrina… issues principalement du quartier du Village Sud. Elles disent “continuer la lutte de nos aînées afin de vous faire découvrir le mouvement féministe et les conquêtes des droits des femmes”.
Pour Jacqueline Madrennes, adjointe à la culture, “c’est un travail précis, qui vise avant tout l’efficacité, c’est le propre de l’affiche sociale”. A l’évidence, c’est “un travail exigeant, drôle, parfois dérangeant, important pour son sujet, au centre de notre actualité, qui fait écho aux arts visuels très présents dans la politique culturelle de la Ville. Le choix de l’affiche graphique intégrant le langage photographique communique un message fort”, a ajouté Jacqueline Madrennes, visiblement émue par la pertinence et la singularité de la démarche. L'adjointe a remercié chaleureusement les jeunes femmes et “jeunes gens à leurs côtés”, ainsi que Nadine Barbançon qui “les a accompagnés dans cette belle dynamique”.
L’émancipation à gagner chaque jour
Le projet est d’autant plus marquant qu’il détourne des affiches historiques, se réappropriant et réactualisant des messages, pour aborder le vote et la journée des femmes, les représentations et stéréotypes, le droit à l’avortement, les violences faites aux femmes, notamment conjugales, la loi sur les régimes matrimoniaux, l’égalité entre hommes et femmes, l’équité salariale ou professionnelle… Bref, une émancipation à gagner chaque jour. “Nous souhaitions donner une dimension esthétique à toutes ces questions, tout en entamant un travail d'éducation populaire. Nous avons, entre autres, participé à des ateliers sur l'histoire du féminisme, en partenariat avec la Maison pour l'égalité femmes-hommes, qui ont enrichi notre culture des mouvements de lutte du 20e siècle”, a dit l'un des responsables de Vie et partage.
“La démarche n’a pas été évidente, remarque Nadine Barbançon, On a beaucoup échangé car les sujets bousculent. Cette exposition est faite de nombreuses discussions, propositions sur le cadre photographique, la mise en scène ou les slogans, de compromis pour donner du sens aux images. On a eu des désaccords sur les bonnes formes car les droits ne sont pas partagés de la même façon par tous et toutes. On s’adressait des messages par emails ou SMS, tard en soirée !”
Une exposition qui doit circuler
Les jeunes filles ont beaucoup collaboré à la conception et aux contenus, Nadine Barbançon les orchestrait “à distance”. “J’ai trouvé ça cool de penser aux femmes d’avant, de s’en inspirer. J’ai beaucoup appris sur l’histoire”, remarque Salimata. “Au départ, je ne comprenais pas trop le projet. Puis, les échanges entre nous m’ont permis de mieux l’appréhender. L’affiche qui me parle le plus, c’est celle de la femme battue”, confie Myriam.
Le projet a reçu les soutiens de la Ville d’Echirolles, du Planning familial de l’Isère représenté par Pilar de Bernardy, de l’association du Centre du graphisme qui a accueilli la soirée du vernissage, de la CAF, de la Fondation SNCF, de la Métropole grenobloise et de la préfecture de l’Isère. On souhaite vivement que cette exposition circule régulièrement dans les Maison des habitant-es, les bibliothèques, les écoles, collèges et lycées... Elle sera présente aux prochaines Assises de la Ville d’Echirolles, le 30 novembre, à la salle des fêtes. Une raison de plus d’y participer !
Une seconde exposition était présentée, la production de l’atelier BD, animé par Sofien Jacquet, de l’atelier Lily, et Rachid Chikhi, lycéen en seconde arts appliqués, avec une dizaine de jeunes du Village Sud. “Un éveil au processus créatif, au dessin, aux caractères et au design de personnages, aux situations et mises en scène, à l’écriture d’un scénario comme à l’encrage des planches”, commente Sofien Jacquet.
JFL