Viscose : Des jeunes illustrent un pan d’histoire du quartier
Depuis ce dimanche, une petite partie de l’histoire ouvrière de la Viscose s’inscrit en grand sur le mur jouxtant l’entrée principale du musée. L’imposante silhouette de l’ancienne usine, hérissée d’inquiétantes dents acérées, surmonte la reproduction au pochoir de clichés représentant des scènes de vie du quartier : des enfants juchés sur une branche, des jeunes jouant au rugby, un garçon prenant la pose du boxeur... Des mots – paternalisme, Drac, poule, tissus –, les soulignent, d’autres – gréves, époque, pollution, bobine, odeur... –, jaillissent tel un panache de fumée rouge de la longue cheminée noire…
Des mots, et des images, minutieusement sélectionnés par la quinzaine de jeunes qui ont participé durant une semaine au projet porté par la Ville et le TRACé dans le cadre du dispositif C’est mon patrimoine et des Semaines créatives et citoyennes d’Échirolles. “Un travail de fond, documenté, sur la mémoire immatérielle de l’usine et du quartier”, confirmait l’artiste Claude Heraudet, alias The Street Yeti, qui les a accompagné avec les services des Sports, Jeunesse et Prévention de la Ville. Un travail qui, en tout cas, ne laisse pas insensible.
Une fierté qui s'affiche
Durant une semaine, le musée s’est donc transformé en “fourmilière”, poursuit Claude Heraudet. “Les jeunes se sont énormément investis. Ils se sont emparés de ce lieu, de cette mémoire, pour réaliser la fresque.” Le temps pour l’artiste de les initier à la technique du pochoir et de les laisser s’exprimer… “Il y a eu plein d’idées, nous avons pris les décisions ensemble. Les valeurs de solidarité et de collaboration ont émergé très vite”, se réjouissait The Street Yeti.
“Au début, on pensait qu’on allait taguer ce que l’on voulait, avouaient Idriss et Malek, deux des participants. Mais nous ne sommes pas déçus, ça nous a permis d’imaginer la vie du quartier à l’époque de l’usine. C’est une chance.” “Ce projet m’a permis d’en apprendre plus sur l’histoire de l’usine, confirmait Aslan, qui en a filmé les différentes étapes avec Lyamine Saoudi, de La Petite poussée, pour réaliser un film qui sera présenté plus tard. On voulait rendre hommage à ceux qui travaillaient dans des conditions difficiles. Je suis fier du travail que l’on a réalisé, on est resté soudé”. Et il n’est pas le seul…
L'histoire continue...
Les yeux émerveillés des nombreux parents au moment du dévoilement de la fresque par l’adjointe à la culture et présidente du TRACé, Jacqueline Madrennes, étaient là pour en témoigner. “Je suis content de voir que des jeunes s’intéressent à l’histoire de leur quartier, l’histoire de la Viscose. C’est très important”, réagissait Jean-Louis Glauda, habitant de longue date, qui a particulièrement apprécie le dessin de l’usine, “symbole de l’unité ouvrière de l’époque”.
“C’est un travail construit, de fond, cohérent avec les ressources du musée, les félicitait Jacqueline Madrennes. Ce quartier évolue sur le plan urbanistique, mais la place de la culture est toujours aussi prégnante. Il est primordial de mettre en place des projets de revalorisation de ce patrimoine industriel matériel et immatériel. J’espère qu’à votre tour vous prendrez place dans cette histoire qui continue avec ses nouvelles technologies et innovations”. De quoi, à coup sûr, compléter la fresque réalisée par les jeunes “Viscosiens”, comme ils se surnomment, et d’inscrire leur propre histoire dans celle de la Viscose...