Laurent Loison : le souffle du thriller
C’est à l’invitation du réseau des bibliothèques et de la Maison des écrits que Laurent Loison a rencontré le public échirollois, plutôt éclairé. Des lecteurs pressés d’exprimer leur plaisir et leurs émotions à la lecture du trio de choc, le capitaine Loïc Gerbaud, sa collègue et complice Emmanuelle de Quezac, le commissaire Florent Bargamont. Des lecteurs impatients d’interroger celui qui a imaginé quatre fins à son deuxième livre édité, “Cyanure”, que l’on découvre sur Internet à l’aide d’un code, au terme du récit. Sans compter un semblant de fin finaude dans l’ouvrage même. Un stratagème original, salué par la presse, qui fonctionne de bout en bout et correspond “à une première mondiale”, sourit l’écrivain.
L’énigme dans l’énigme
Laurent Loison est un homme foisonnant, ancien entrepreneur en France et à l’étranger, consultant, tenancier d’un pub irlandais, agent immobilier, qui a travaillé dans un club de striptease. Aujourd’hui donc auteur à succès. Celui-ci a expliqué qu’il est venu à la littérature “à l’occasion d’une vraie belle dépression”, cherchant à tourner une page et à donner un nouveau sens à sa vie. Il a parlé de l’articulation narrative de ses personnages, que l’on rencontre dès son premier thriller, “Charade”. Insistant sur le travail de recherche, qui peut passer par des discussions entre copains, des influences cinématographiques, ou la BD, dont il est “un grand fan”. Adorant, mais on l’avait compris, “l’énigme dans l’énigme… Je mets des tiroirs un peu partout !”. S’expliquant sur la violence, voire la monstruosité, “nécessaire à l’intrigue” dans ses textes. Indiquant des écoutes musicales pour écrire : l’“Agnus Dei” de l’“Adagio for strings” de Samuel Barber, pour “Charade” ; “In a lifetime” chantée par le groupe Clannad et Bono, pour “Cyanure”.
La liberté du lecteur
L’échange a évoqué la notion de jugement, éminente dans “Cyanure”, mais aussi le principe de commencer “presque” par la fin dans “Charade”… “Je suis convaincu que tout le monde peut écrire, a souligné Laurent Loison. On a tous suffisamment de vécus, d’anecdotes, d’histoires en tête, qu’on peut livrer. On n’éditera pas tous forcément. La vraie difficulté ensuite est de se réinventer, de ne pas s’enfermer dans des cases, de se détacher des ficelles d’un genre, notamment du thriller, de ne pas tomber dans les clichés — dont nous sommes tous pétris — de personnages ou de situations.” Bref “de ne pas rentrer dans une mécanique”. Et de convaincre son auditoire de “la liberté du lecteur”, afin de lui permettre “de se confronter à lui-même” au travers de sa lecture. “L’objet d’un livre n’est pas que je choisisse, mais que je vous mette face au scénario et vous surprenne.” Quant à la fin d’une intrigue, “seule celle de chaque lecteur avec ses tripes” importe.
En attendant la sortie d'un troisième opus en septembre 2018. On retient notre souffle !
JFL