De faux airs de vrai spectacle
Pas de rideau, ni de scène et encore moins de décor (en tout cas en apparence) ce mercredi dans la salle d’activité de POLLEN. Car “ceci n’est pas un spectacle”, indique Marien Tillet, de la compagnie Le cri de l’armoire. Le metteur en scène, comédien et conteur qui jouait Le dernier ogre à la Rampe le soir même est là pour expliquer le “Parcours Embûché de la Création d’un Spectacle” (PECS) à une trentaine de jeunes des associations sportives du futsal et de la boxe. Chapeauté par Dcap et en partenariat avec ces associations, ce projet “sport-culture” a pour but “d'ouvrir les jeunes sur les pratiques culturelles”, rapporte Mustapha Ferkous, directeur de Dcap. En février dernier, le groupe avait déjà assisté à un “chantier de création artistique” avec le même artiste.
Chair de poule
Sur des tableaux de conférence, Marien Tillet schématise le processus long et laborieux par lequel passe un auteur pour imaginer, écrire, financer, puis diffuser un spectacle. Jusque là, rien de surprenant. La salle se laisse bercer par la petite musique de la présentation. C’est après que tout se corse. Pour mieux plonger les jeunes spectateurs dans son quotidien, l’étrange professeur leur assigne un rôle, les prenant à parti, de préférence sans prévenir: Mélissa devient chargée de diffusion, Kaïs programmateur et Safia administratrice du projet… Prétextant tester son looper -- appareil qui permet d’enregistrer, répéter et juxtaposer des séquences sonores --, Marien vient ensuite contrebalancer ces scénettes humoristiques par des ambiances tour à tour douces, dramatiques ou même franchement inquiétantes.
Alors, sans qu’il s’en soit vraiment rendu compte, l’auditoire est pris dans le récit. Un récit qui se charge de suspense jusqu’à donner la chair de poule. Rien ne bouge dans la salle, tout le monde est suspendu aux lèvres de Marien Tillet, qui, sous des faux airs de formateur déroule en réalité un vrai spectacle.