Semaine du numérique libre : Vers un numérique plus éthique et plus inclusif
Le coup d’envoi de la Semaine du numérique libre a été donné le 19 octobre par Aurélien Farge, conseiller municipal au développement du numérique, à l'informatique et aux logiciels. “Le 8 novembre, explique l’élu, une délibération du conseil municipal présentera le Schéma Directeur du Numérique de la Ville. Ce plan d’actions sur cinq ans, précédé d’un diagnostic sur l’usage du numérique dans la commune, repose sur une vision cohérente avec les valeurs du service public qui s’inscrit en opposition à celle des GAFAM, faite de renoncements progressifs à la vie privée au profit d’une immense plateforme commerciale. Il passera notamment par l’éducation populaire aux pratiques numériques et par des actions de sensibilisation auprès des citoyen-nes”.
Aurélien Farge rappelle qu’ Échirolles déploie depuis plusieurs années l’usage de logiciels et d’outils libres dans ses services. L’intérêt de cette approche est détaillé dans une exposition à l’hôtel de ville. “La vision de la Ville n’est en aucun cas « technophobe », insiste Aurélien Farge. Je donne souvent l’exemple de la page Facebook Donner à Échirolles, une initiative qui met le numérique au service du lien social, de la solidarité et de la transition écologique. Bien au contraire, la Ville entend lutter contre toutes les fractures numériques. Grâce à un appel à projet de l’État dont la Ville est lauréate, quatre conseillers numériques mèneront au quotidien des actions auprès de Echirollois-es qui débutent durant la Semaine du numérique sous la forme d’ateliers ouverts à tous et à toutes.”
Quel rôle le numérique joue-t-il dans notre empreinte carbone ?
Tristan Nitot est entrepreneur du numérique, co-fondateur de Mozilla Europe, membre du projet de moteur de recherche francophone Unsearch.io, auteur de livres et d'un podcast. Durant sa conférence, il réussit à expliquer le changement climatique de manière limpide avant de détailler comment l’utilisation du numérique peut réduire ou aggraver notre empreinte carbone. Loin des idées toutes faites – oui, les serveurs consomment 1% de la production d’énergie mondiale, et non, supprimer nos e-mails n’a pas une grande incidence –, il souligne la courbe exponentielle de puissance de nos appareils – smartphones, ordinateurs, téléviseurs… –, et pose le problème de la responsabilité des constructeurs qui nous incitent à les renouveler trop souvent. Comment passer à l’action ? En prenant conscience de notre propre empreinte carbone, par exemple via les sites fresqueduclimat.org et fresquedunumérique.org. Les entrepreneur-es qui ont fait cette démarche sont plus enclins à prendre des solutions efficaces dans leurs entreprises au regard du défi climatique. Et surtout, une approche politique est possible, souligne le conférencier.
Le débat à l’issue de son intervention s’est principalement centré sur le déploiement des logiciels libres, donnant l’occasion à Aurélien Farge de détailler les actions en cours dans les services et la volonté de la Ville d’aller plus loin, notamment dans les écoles avec la collaboration du corps enseignant. Pour creuser la question, découvrez le podcast Octet Vert de Tristan Nitot : https://standblog.org/blog/category/podcast
Lutter contre l’obsolescence programmée et ses conséquences environnementales
Le troisième conférencier Ronan Groussier est responsable des affaires publiques de l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée). Il nous rappelle que la limitation volontaire de la durée de vie d’un produit pour en favoriser le remplacement, qu’il s’agisse d’un ordinateur, d’un smartphone, d’un appareil électroménager ou d’un logiciel, est un délit depuis 2015 en France, premier pays au monde à punir cette pratique qui va à l’encontre des efforts engagés pour la transition écologique. Des associations veillent, telle HOP dont la plainte déposée en 2018 a permis la condamnation d’Apple en 2020 à verser une amende de 25 millions d’euros pour « pratique commerciale trompeuse ». HOP milite pour un changement de règles, par exemple le vote de la future loi AGEC qui vise à rendre les produits davantage réparables et à donner aux utilisateurs-trices davantage d’informations, indices de durabilité et de réparabilité, davantage de garanties et un meilleur accès aux pièces détachées...
Le Cadre européen évolue lui aussi avec de nouvelles règles d’éco-conception entrées en vigueur en mars 2021 et avec un plan d’actions pour l’économie circulaire voté en 2020 par la commission européenne. “Mais surtout, insiste le conférencier, le pouvoir que détient le consommateur est décisif pour changer les pratiques”. Les outils se multiplient pour mieux l’informer : site www.produits-durables.f, ouvrages prônant le “zéro déchet”... La multiplication des Repair cafés – une initiative que les élu-es espèrent pouvoir encourager à Échirolles –, est aussi une manière pour les citoyen-nes de s’emparer de la question. Pour faire le tour du sujet : www.halteobsolescence.org