Cité Plurielle : pour que vivent les identités plurielles
"Des outils pour combattre les discriminations"
Ce samedi 23 mars, il fallait se laisser guider par la musique pour se rendre à l'ultime journée du programme de Cité Plurielle. La fanfare Les 38 tonnes accueillait les habitant-es, agent-es de la Ville et élu-es devant La Rampe, pour une après-midi placée sous le signe de la tolérance et de l’acceptation de l’autre. « Je crois que c’est là l’occasion d’ouvrir la parole sur ce qui nous touche, sur les discriminations que l’on peut subir dans la vie quotidienne et peut-être trouver ou retrouver de la fierté, de la force et des outils pour les combattre », prononçait Amandine Demore à l’ouverture de l’après-midi, avant de laisser la parole à Kaoukeb Baya-Chatti, conseillère municipale déléguée à l'égalité femmes/hommes et à la lutte contre les discriminations. La Ville est engagée dans la lutte contre le racisme, le sexisme et l’homophobie depuis de nombreuses années, notamment à travers son Plan de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, soutenu par la Métro. Il s’articule autour de trois axes : rendre les discriminations visibles, développer le pouvoir d’agir des habitant-es et changer les systèmes qui discriminent. Cité Plurielle permet tout cela, avec des intervenant-es et artistes de grande qualité.
Identités plurielles : identité privilégiée, identité discriminée
Cette année, le thème « Identités plurielles : identité privilégiée, identité discriminée » était admirablement mis en valeur par les chercheur-es, artistes et habitant-es venu-es s’exprimer sur la scène de La Rampe. La conférence gesticulée de Nadège de Vaulx bouleversait de nombreux-ses spectateurs-trices, touché-es par l’histoire de cette descendante d’Algérien-nes qui lutte aujourd’hui pour déconstruire son assimilation et retrouver ses racines. Un vrai spectacle où humour noir se mélange avec les pans sombres de l’histoire de ses ancêtres, et où l’histoire coloniale mise sous silence explose. Une vraie prouesse pour cette professionnelle du monde du spectacle, qui passait là de l’ombre à la lumière avec brio, et touchait les spectateurs-trices, certain-es ému-es aux larmes.
Trois courts-métrages étaient ensuite présentés par un groupe d’habitant-es de la MDH Essarts-Surieux. Les thèmes et les films choisis par le groupe, homophobie, racisme et inégalité, poussaient la salle à réagir avec intérêt, avant une pause musicale avec la fanfare.
Spectacles, débats et convivialité
Pour la reprise du programme, le Collectif C Nous faisait son apparition sur scène : beatboxer, slameur et danseur-es de hip-hop contemporain. Un savant mélange d’arts hip-hop venus retracer la Marche pour l’égalité de 1983. Cette dernière avait réuni, entre octobre et décembre 1983 et entre Marseille et Paris, des milliers d’enfants d’immigré-es et des militant-es antiracistes dans une marche pacifiste. Cet hommage, porté par des artistes engagé-es de la région grenobloise, était par ailleurs l’occasion de conclure la journée uni-es dans un même message, celui de la tolérance. Venait enfin le dernier temps de la journée, un débat porté par Rachid Mendjeli, Cristèle Bernard (docteur-es en sciences politiques) et Hafida Belrhali (professeure de droit public à l’UGA). L’occasion de se réjouir de la reconnaissance récente (octobre 2023) par le Conseil d’État de l’existence des contrôles d’identité discriminatoires en France. Les participant-es au débat en profitaient pour redire aux habitant-es présent-es l’importance de déclarer ces contrôles au faciès, dans le but de les comptabiliser pour pouvoir les dénoncer, et espérer les combattre. Une touche d’espoir qui venait clore cette 28ème édition de Cité Plurielle, avant que la fanfare ouvre le buffet convivial aux habitant-es.